La destruction de l’église Sainte-Madeleine durant la Révolution laisse place à un grand espace vide qui accueille des foires, des fêtes, des cirques et des manifestations qui divertissent les beaunois.
En 1937, le conseil municipal de Roger Duchet décide de faire construire un auditorium sur la place Madeleine. Le dossier est confié aux architectes Robert Camelot, Paul et Jacques Herbé. Le cahier des charges, approuvé le 3 mars de la même année, donne lieu à une adjudication le 7 avril 1937 : l’entreprise Pierrot est chargée de la maçonnerie, Roy Frères de la charpente, Emile Lambert se voit attribuer le lot de charpente et plomberie, Emilie Poirier l’électricité et la peinture et la vitrerie sont confiées à l’entreprise Ferraris Frères.
L’inauguration de cet édifice, qui mesure près de 10 mètres de haut, se déroule le dimanche 10 avril 1938 en compagnie du conseil municipal. Un concert est donné par l’Harmonie de Beaune sous un vent glacial. L’article qui détaille l’événement dans le Journal de Beaune fait état d’une « excellente acoustique ».
Mais il s’avère très vite que l’acoustique est si déplorable que l’auditorium est inutilisable.
En 1954, Roger Duchet, le maire qui a fait construire l’auditorium, décide de le faire démolir car il n’a plus aucune utilité et des travaux sont envisagés pour la place Madeleine. Cette décision, prise sans l’avis du conseil municipal, donne lieu à une motion de cinq conseillers, madame Chabaud et messieurs Delaloge, Dard, Amelin et Lénechault :
« Les conseillers municipaux soussignés, constatant que l’auditorium a été démoli sans qu’ils en soient avisés et sans délibération municipale déclarent qu’étant mis devant le fait accompli ils ne peuvent accepter cette manière de faire illégale. ».
M Jaffelin, premier adjoint au maire qui préside le conseil du 31 mars 1954 en raison de l’absence de Roger Duchet, affirme aux protestataires qu’une commission de travaux, à laquelle M Lénechault a participé, s’est réunie et a approuvée la démolition de l’auditorium. Il ajoute :
« Vous ne protestez pas contre la suppression de l’auditorium mais contre le fait que nous n’en avez pas été avisés au préalable ; or ce que nous avons fait est tout à fait régulier et non illégal ».
Après ces explications, Mme Chabaud demande à ce que la mention « illégale » soit remplacée par « cavalière ».
Un beaunois témoin de la démolition, Jean Cropsal, a immortalisé cet instant pour nous permettre de nous le représenter :
Crédit photo : Archives municipales de Beaune