Un précédent article avait évoqué la manière dont Beaune avait perçu la mort de Louis XIII. C’est cette fois la mort de Louis XIV que évoquons puisqu’elle eut lieu le 1er septembre 1715.
Les délibérations municipales mentionnent la question pour la première fois le 8 septembre où il est demandé aux échevins de bien vouloir ordonner des « prières publics pour le repos de l’âme du feu roy ». L’information est immédiatement communiquée à « messieurs du Chapitre » chargés de l’organisation de l’événement. Ce premier article laconique laisse place au suivant le 11 septembre. Comme pour Louis XIII, Beaune envoie M. Chancelier à Dijon pour savoir ce qu’il convient de faire et comment organiser les cérémonies à venir.
Il faut dire que la ville de Beaune a une relation toute particulière avec Louis XIV puisque le roi s’était arrêté avec sa cour en notre ville le 19 novembre 1658 pour honorer Sœur Marguerite du Saint-Sacrement qui intercéda auprès de la Vierge pour sa naissance. Le passage du roi a certes marqué Beaune mais les guerres et les difficultés économiques de la fin du règne ne laissent pas un très bon souvenir. C’est donc avec un sentiment mitigé que les Beaunois organisent les hommages au défunt.
Dès le 13 septembre, il est question du nouveau roi Louis XV auquel il convient de prêter serment : le procureur Grozelier demande au conseil des échevins de « le venir trouver pour prendre avec luy des mesures pour la cérémonie de la prestation du serment d’obéissance et de fidélité au Roy Louis quinze ». Les délibérations nous apprennent ensuite que la prestation de serment aura lieu dans la salle de conseil du bailliage entre les mains du lieutenant civil Gauvain où le maire Gillet et les échevins devront se présenter « en robes et habits (…) dès les neuf heures du matin ».
Cependant, la prestation de serment des autorités est insuffisante, il faut organiser au plus vite la prestation générale des habitants de la ville car « le service du roy ne doit souffrir ni delay ni retard ». En effet, les 13 jours passés depuis la mort de Louis XIV paraissent déjà longs pour prêter serment à son successeur. Sans doute souhaite-t-on aller vite car Louis XV est encore enfant et l’on craint les troubles accompagnant une régence. Une querelle s’engage alors entre la mairie et le bailliage concernant les délais : le maire et les échevins, toujours soucieux de montrer leur indépendance vis-à-vis du bailliage font durer le plaisir et ne répondent à l’invitation que le 16 septembre.
Le lendemain, 17 septembre, c’est au tour du maire de convoquer l’assemblée générale des habitants et de recevoir le serment des mains des représentants des corporations :
« il a pris et reçu le serment (…) par lequel ils ont promis et jurés sur les évangiles tout devoir d’obeissance et de fidélité au seigneur Roy Louis quinzième qu’ils ont reconnus pour leur Roy, seigneur, maître et légitime successeur aux couronnes de France et de Navarre en criant à haute et intelligible voix vive le roy Louis quinze. »
C’est l’avant dernière fois que cette cérémonie se déroule avant la Révolution.
Sources : Archives municipales de Beaune, 1 BB 69