Au cours des mois d’avril et de mai 1846, c’est une dizaine de locataires d’un bâtiment situé rue Madeleine qui menace d’abandonner les lieux si rien n’est fait contre la famille Bernard, « receveur à l’octroi de la Porte Madeleine », coupable d’injures, d’agressions et de dégradations incessantes envers leurs voisins. Le document conservé indique toute une série de plaintes déposées auprès d’un agent de police le 5 mai de la même année.
Tout d’abord, Mme Parigot prend la parole et affirme avoir entendu le fils Bernard chanter à plusieurs reprises devant chez elle ces paroles : « les brigands, les voleurs… ». Elle ajoute qu’un jour, alors qu’elle « achetait du jardinage à sa porte, […] la femme Bernard survint pour en acheter aussi et dit à la jardinière – venez chez moi, je n’achète pas devant la porte de la canaille – »
Mme Jamet enchaine avec son témoignage et dit avoir vu le fils Bernard montrer « son derrière chez la demoiselle Déroche ».
Mme Goillet a entendu le fils Bernard l’insulter en tenant ces propos : « Voilà la femme Goillet qui va chez le sous-préfet se faire habiller ». Elle affirme également l’avoir vu rester tout un après-midi entièrement nu dans un vestibule et « dans cet état il a insulté la déclarante en lui montrant les cornes ainsi qu’à son mari lequel il a traité de connard. »
M. Pillien, débitant de tabac, rapporte que l’année passée, Mme Bernard lui aurait souillé ses vitres avec des ordures, et qu’il n’ose plus sortir de chez lui depuis que le fils Bernard l’accable d’injures « en le traitant de mouchard, voleur et connard ». Un agent de police en a d’ailleurs été témoin. Ce dernier affirme ces dires.
Mme Laurence, vigneronne au faubourg Perpreuil dit qu’il y a un an, alors qu’elle se rendait place Saint-Pierre, elle entra à l’intérieur du bureau d’octroi, alors en construction, et « que de ce lieu, elle vit la femme Bernard ramasser à plusieurs reprises des ordures fécales avec lesquelles elle barbouillait les carreaux de vitre de M. Pillien ». Au même moment M. Bernard était attablé chez lui avec sa fille. Elle insinue ainsi que M. Bernard est tout à fait au courant des agissements de sa femme et de son fils.
Le rapport se termine sur la plainte de Mme Bérard qui soupçonne Mme Bernard de violation de domicile. En effet, d’après le témoignage de Reine Joly, une voisine, Mme Bernard se serait introduit une nuit dans la cave de Mme Bérard, ceci sans permission, et se serait emparée d’un balai en jongs que cette dernière a reconnu ensuite dans le bureau d’octroi de M. Bernard qui le lui a rendu. « Une instance de la part de Mme Bérard est partie contre la femme Bernard pour l’audience de la justice de paix de samedi prochain. » Nous ne savons malheureusement pas si une suite à cette affaire a eu lieu.
Jean-Baptiste Bernard, né à Chorey-lès-Beaune le 2 juin 1786 exerçait la profession de chapelier, avait été nommé surveillant d’octroi en 1827. Il accède au grade de receveur d’octroi au bureau Madeleine en 1842, en remplacement du sieur Paquelin, réformé en raison de son âge et de ses infirmités. En 1849, il est muté au bureau d’octroi de Saint-Jean.
Sources : Archives Municipales de Beaune : I1 § 11 article 1 n°1 et K 2 § 5