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« Rien n’est capricieux comme ses ravages » : Les gelées de mai 1874 en Côte d’Or

Dans un article du 5 mai 1874, le Journal de Beaune explique que, depuis quelques jours, les températures sont particulièrement basses, mais qu’aucune inquiétude n’est encore ressentie quant au devenir des récoltes. Malheureusement, un article du 7 mai indique que le pire est finalement survenu :

« La gelée d’hier matin a été funeste aux vignes de la plaine et à celles du bas des côtes (…) Notre côte a été gelée dans le bas seulement et jusqu’au quart environ. Quant aux vignes de la plaine, elles sont complètement détruites ».

L’édition du 9 mai rend compte plus en détails des dégâts constatés en Côte d’Or et Saône-et-Loire, trois colonnes sont consacrées à ce désastre : A Gevrey, le journaliste indique que le mal est immense et irréparable. Les vignes de Corgoloin sont beaucoup moins touchées. Une grande partie des gamays des communes de Vosne, Nuits et Premeaux ont été presque complément gelés, mais les « bons vins » ont peu ou point souffert. Les 2/3 des récoltes des vignes se trouvant autour de Dijon sont perdues. Il en est de même en Saône-et-Loire.

Après avoir constaté les dégâts, l’édition du 13 mai 1874 rappelle aux propriétaires qu’ils peuvent faire une demande de dégrèvement d’impôts suite à cette importante gelée du 6 mai. En effet, une circulaire du préfet de la Côte d’Or adressée au Maire de Beaune rappelle que deux fonds existant au budget de l’État sont disponibles pour ce type de catastrophe et qu’il convient d’établir avec précision un rapport estimant les pertes subies.

Les gelées de mai 1874 ne sont pas exceptionnelles. Un livret édité en 1863 par le Comité d’agriculture de Beaune et intitulé « Conseils pratiques pour préserver les vignes contre les gelées du printemps » montre que les gelées de printemps sont un vrai fléau pour les vignes :

« Nul n’est à l’abri de la gelée, rien n’est capricieux comme ses ravages ; tantôt elle épargne la vallée pour frapper le coteau, tantôt c’est la plaine abritée qui souffre et la hauteur découvert qui est épargnée ».

Dans ce petit livret de six pages, le Comité donne des conseils simples pour éviter les dégâts : la taille, le buttage, la production de fumée, etc.

Par ailleurs, une lettre adressée au maire de Beaune en novembre 1855 a attiré notre attention : un certain Delame travaillant à Paris aurait élaboré un procédé particulier pour préserver les vignes de l’atteinte de la gelée. Il demande au Maire de lui fournir certaines informations concernant les vignes de la région : la quantité de pieds de vignes contenus dans une superficie d’un are, le nombre de bourgeons produit pour chaque pied de vignes, etc. L’auteur du procédé n’explique pas sa découverte, il est également impossible de savoir si M. Le Maire a répondu à ses demandes. Charlatanisme ou avancée scientifique, la question reste en suspens.

 

Sources :

  • Journal de Beaune 1874
  • Archives municipales de Beaune 8 Z : Fonds du Comité d’agriculture de Beaune
  • Archives municipales de Beaune FIII§8. Art. 2, n°3 : Maladies et fléaux de la vigne
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