Si les Beaunois connaissent la comédienne Marie Favart qui a donné son nom à une rue de Beaune, peu d’entre eux savent qu’une autre Beaunoise fut également sociétaire de la Comédie Française.
Catherine-Marie Royer est née à Beaune le 25 mars 1841 au n°50 de la Grande rue. Elle est la fille de Vorle Royer, docteur en médecine à Saint-Loup de la Salle et de Marguerite Alexandrine Dorey. Marie Royer aura un frère, également médecin à Paris.

Elève de Provost dans sa classe de déclamation dramatique le 20 juin 1855, elle obtient, aux concours du Conservatoire, un premier prix de tragédie et un premier prix de comédie en 1858.
Peu de temps après, en août 1858, Marie Royer est engagée au Théâtre français après avoir joué à l’Ecole lyrique dans une comédie intitulée La Fiammina le 12 mars 1857.
Engagée à la Comédie française le 1er août 1858 où elle joue les Femmes Savantes dès le mois suivant, elle est nommée sociétaire le 1er janvier 1873. Henri Lyonnet, auteur d’un dictionnaire des comédiens français, disait d’elle qu’« on vantait sa voix harmonieuse, sa tournure distinguée ».
Souvent employée dans des rôles de jeune première, d’amoureuse, elle a notamment joué dans Le Dernier Quartier (rôle de Jeanne), dans La Métromanie (Lucile), Par droit de conquête (Alice), L’Aventurière, Les Projets de ma tante, la Volonté mais aussi en 1860 : L’Ecole des maris de Molière.
Pour l’anecdote, Marie Royer participe aux côtés de sa compatriote Marie Favart à une grande tournée en province car la salle de la Comédie française connait de gros travaux. En Juillet 1868, les artistes se produisent donc dans de nombreuses villes, Dijon, Lyon, Toulon ou Marseille.
Si la comédienne joue avant tout à Paris, il lui arrive de revenir se produire sur les planches de son théâtre natal à Beaune où elle joue le 26 juillet 1869 Le Dernier quartier, comédie en deux actes d’Edouard Sailleron, Un cheveu blanc, comédie en un acte d’Octave Feuillet et Oscar ou le mari qui trompe sa femme, comédie en trois actes d’Eugène Scribe et Charles Duveyrier.
Les deux artistes beaunoises étaient présentes à Paris pendant le siège de Paris et la Commune en 1870 et travaillent pour l’ambulance installée dans les locaux de la Comédie française du 14 septembre 1870 au 15 février 1871. Marie Favart est alors sociétaire de la Comédie française tandis que Marie Royer est seulement pensionnaire. Marie Royer se produit au théâtre de Cluny le 20 décembre 1870 et déclame « les Assiégés ». Elle est également très investie dans les secours et les soins aux blessés.
Les deux femmes se produisent lors de la tournée de la Comédie française à Londres où elle se produisent le 8 mai 1871 et le 8 juillet de la même année.
En 1872, elle retrouve les planches de la Comédie française où elle joue Marcel de Jules Sandeau le 18 mai 1872, Les Enfants de Georges Richard (le Figaro salue son « talent gai, vif, alerte, qu’on ne lui connaissait pas ») le 20 septembre 1872, La vraie farce de Pathelin le 26 novembre 1872, l’Ecole des Femmes le 24 avril 1873 (le Figaro écrit qu’elle est « excellente »)
Marie Royer meurt le 20 juin 1873 à son domicile parisien 150 rue de Rivoli, terrassée par la fièvre typhoïde. Après des obsèques célébrées à Saint-Germain l’Auxerrois, elle est inhumée au cimetière du Père Lachaise où l’on peut voir son tombeau. Parmi les personnes présentes à la cérémonie, on peut relever le nom de Sarah Bernhardt ou encore Jules Sandeau et Emile Augier. Le journal L’Entracte reproduit dans son numéro 174 du 24 juin 1873 le discours qu’ Emile Perrin a prononcé lors des obsèques de Marie Royer (Archives municipales 29 Z 239)
C’est un mausolée surmonté d’un buste en bronze de Barbedienne, fondeur, d’après Fanny Dubois-Davenne. Sur le mausolée, on peut lire l’inscription : « Marie Royer, sociétaire de la Comédie française ».
Dans le Grand dictionnaire universel de Pierre Larousse, on peut lire à son sujet : « Douée d’un visage charmant, d’une voix harmonieuse, d’une tournure distinguée, la jeune comédienne se fit remarquer dans l’emploi des coquettes et des soubrettes et fut enlevée par une mort prématurée. »
Le Musée des Beaux-arts de Beaune conserve deux exemplaires du buste en terre cuite de Marie Royer, œuvre de Fanny Dubois-Davesnes.

Ce texte est la propriété intellectuelle des ©Archives municipales de Beaune
Sources :
Archives municipales de Beaune, 29 Z 239
Archives municipales de Beaune, Registres d’état civil des années 1830 et 1841
Musée des Beaux-arts de Beaune